Plantes maîtresses : Ayahuasca, un chemin de vérité intérieure

Ayahuasca

Qu’est-ce que l’Ayahuasca ? Cette plante sacrée, originaire d’Amérique du Sud, se présente sous forme de breuvage ayant des propriétés hallucinogènes. Utilisée de manière ancestrale par les chamanes d’Amazonie, elle offre la possibilité de voyager dans les profondeurs de soi-même. Découvrez comment l’Ayahuasca ouvre la voie vers une vérité intérieure et un chemin de transformation personnelle.

Préambule : En introduction, je présente mes excuses à toute personne qui aurait plus de connaissances ou de compétences que moi sur ces sujets liés au chamanisme et aux plantes maîtresses. En effet, je ne reste qu’un « padawan » en chemin. En écrivant ce texte, mon intention est de permettre à celui ou celle qui le lira de mieux comprendre ce qu’est le chamanisme et ses passerelles avec le domaine de la thérapie, de permettre à celui ou celle qui ressent un appel intérieur de faire preuve également de vigilance et de discernement, et enfin de révéler à ma mesure l’amour et la sagesse qui se cache derrière ces pratiques ancestrales. Je m’incline avec respect vers les chamanes et les grands sages dont j’ai eu la chance de bénéficier de leurs enseignements, et qui après plus de 30, 40 ou 50 ans de pratique, continuent de se considérer comme des éternels apprentis. Recevez ma gratitude et mon amour.

Cet article fait suite à celui intitulé : « Les états modifiés de conscience en thérapie et dans le chamanisme« 

Yagé – Breuvage des plantes Ayahuasca & Chacruna (la sagesse de la liane d’amazonie et de la DMT)

Yagé

Dans le contexte amazonien, il existe un rituel faisant appel à une décoction appelée Ayahuasca. En réalité, ce breuvage appelé aussi Yagé est le mélange justement dosé de deux plantes : l’ayahuasca (Banisteriopsis caapi) qui est aussi appelée la « liane des morts », et la feuille de Chacruna (Psychotria viridis). Cette boisson possède une couleur marron et un goût amer (digne d’un café ultra bien tassé pour les connaisseurs). Dans son contexte traditionnel, elle est utilisée par les « curanderos » (chamanes ou guérisseurs) pour soigner des maux physiques, émotionnels, psychiques et spirituels. L’ayahuasca, qui est considérée comme une plante maîtresse, a pour vocation d’enseigner le patient par le biais de vision et de rêves. Durant le rituel qui est réalisé en collectif, le patient définit une intention, puis la plante maîtresse lui enseignera ce qu’elle a besoin d’apprendre pour obtenir ses réponses. D’un point de vue bio-chimique, la liane d’ayahuasca est riche en bêta carbolines (harmina, harmalina et terahidroharmina) qui ont pour effet d’inhiber l’enzyme Mono-Amine Oxydase (appelée MAO) présente dans le foie et le tube digestif. Cette enzyme détruirait la DMT ((Di-Méthyl-Triptamine) contenue dans la Chacruna. La DMT entre en compétition avec la sérotonine pour accéder aux récepteurs 5-HT1 et 5HT-2. Les niveaux de Catécolamines et de sérotonine augmentent de par le fait que la MAO soit bloquée. La DMT arrive ainsi au cerveau en provoquant des effets psychédéliques intenses. Lors de l’ingestion du breuvage, l’ayahuasca provoque également une réflexe vomitif qui a pour effet de réguler l’intensité des visions tout en provoquant – selon les chamanes – le nettoyage énergétique du patient. Ainsi, pour les curandeiros, c’est la liane ayahuasca qui oriente l’enseignement en lien avec l’intention du patient et la chacruna qui permet la manifestation de la vision.

La boisson induit des états modifiés de conscience avec une altération notable des ressentis corporels, émotionnels, et mentaux, avec une distorsion de la perception spatio-temporelle. Durant cette expérience, des vécus angoissants peuvent être réavivés, avec par exemple, une régression individuelle ou groupale, et des visions transpersonnelles, qui favorisent à la fois l’introspection et les prises de consciences.

Pourquoi prendre de l’ayahuasca ?

Pourquoi prendre de l'ayahuasca ?

L’Ayahuasca est principalement utilisée pour recevoir un enseignement profond en lien avec son existence. Les personnes qui font appel à ce rituel recherche souvent une guérison en lien avec une problématique physique, émotionnelle, psychique ou spirituelle ; ou encore une compréhension, ou à donner un sens plus profond à leur vie en découvrant leur vocation. 

Où consommer de l’ayahuasca ?

Consommer de l'ayahuasca

Ce breuvage se consomme dans un cadre rituel ancré dans la culture amérindienne, à savoir en Amérique centrale, avec par exemple l’Équador, le Guatemala, en Amérique du sud dans la zone amazonienne, Andine avec le Pérou, le Brésil ; ou encore la Colombie. Dans la plupart des pays d’Europe, l’usage de ces substances est interdit. La cérémonie de l’ayahuasca favorise l’introspection avec l’exploration du monde intérieur avec notamment les visions et les insights. Dans un second temps, il est important de bénéficier d’un accompagnement ou de prendre du recul pour favoriser l’intégration de ces métaphores et symboles dans sa vie quotidienne. Il s’agit d’ancrer les apprentissages issus de cette expérience intense et profonde – quelque part « extra-ordinaire » – dans la « réalité ordinaire » et dans le quotidien.

Précautions vis-à-vis des drogues et des dangers

Précautions : dangers et drogues

En soi l’ayahuasca n’est pas une substance addictive. Bien sûr même s’il existe malheureusement des contextes de prises qualifiés de sauvage, l’ingestion respectueuse de l’Ayahuasca est réalisée dans un contexte sacré ritualisé en ayant l’intention d’explorer son intériorité pour faciliter un processus de guérison, ou pour donner un sens plus profond à son existence.

Ce qui « guérit » n’est pas seulement la cérémonie d’ayahusca elle-même qui serait comparable à un feu d’artifice, mais l’ensemble du processus d’accompagnement qui doit être basé sur un cadre sécure.

Pour cela, de mon point de vue, plusieurs ingrédients sont importants à savoir :

– Le cadre interne (ou set en référence au concept de Timothy Leary) du participant : c’est-à-dire son intentionnalité, ses valeurs, son cadre de référence culturel, mais aussi son état physique, émotionnel et psychique.

– Le cadre externe (ou setting) : c’est-à-dire le processus d’accompagnement, les limites physiques et temporelles du rituel, les balises de sécurité, les règles de fonctionnement établies. Ce cadre externe favorise l’introspection et l’exploration sécure de sa vulnérabilité.

– Les compétences et l’éthique des accompagnants : C’est-à-dire leurs qualités humaines, leurs valeurs et la maîtrise des techniques d’accompagnement, et la navigation dans les états non ordinaires de conscience. Ici, comme en thérapie, la confiance accordée à l’accompagnant est fondamentale.

– La substance ou psychotrope : c’est-à-dire les molécules aux propriétés psychoactives présentes dans le breuvage.

Même si l’expérience elle-même peut se révéler éprouvante, lorsque ces conditions sont réunies, alors, toutes les chances sont mises du côté du patient pour vivre une expérience en toute sécurité. En contrepied, les prises qualifiées de sauvages d’ayahuasca dans un contexte de type New Age ou commerciale (oui, c’est possible – il existe un tourisme pour cela) peut se révéler périlleuse à la fois sur le plan de la sécurité physique, émotionnelle, psychique voire spirituelle.

Comment prendre de l’ayahuasca : cérémonie chamanique – Témoignage, visions et effets

comment prendre de l'ayahuasca

Au-delà de l’expérience de l’ayahuasca, il existe différentes étapes rituelles toutes aussi importantes. Durant chaque étape rituelle, de mon point de vue, il est important de donner du sens car certaines expériences peuvent être déroutantes ou éprouvantes.

Pour vivre cette expérience, il peut être intéressant de bénéficier d’un accompagnement thérapeutique et par le biais d’ami.e.s ressources, à la fois en amont (pour affiner son intention) et en aval de ce voyage intérieur (pour favoriser l’intégration pleine de l’expérience dans son quotidien).

–       Tout d’abord, en lien avec le symptôme apporté ou l’intention définie par le patient, le chamane en étant de conscience modifiée, réalise un diagnostic de l’état du patient. Il est ainsi en mesure de proposer un traitement sur-mesure adapté à son patient.

–       En amont de la prise d’Ayahuasca, un rituel de purge vomitive a lieu. Plusieurs plantes sont proposées aux patients en fonction de leur personnalité et de leur intention. D’un point de vue pragmatique, les patients sont installés en cercle dans la maloca (qui est la lutte où son réalisés les rituels de guérison), tour à tour, ils sont invités à boire la plante qui leur correspond puis s’engagent à boire deux jarres d’eau qui génère un reflexe vomitif. Durant plusieurs heures, les participants vomissent. D’un point de vue thérapeutique et spirituel, le fait de rendre reflète une attitude d’humilité vis-à-vis des enseignements des plantes, et une préparation à l’ayahuasca en libérant des toxicités sur un plan physique, émotionnel psychique et spirituel.

–       La cérémonie de l’Ayahuasca est réalisée de nuit. Durant le rituel qui dure environ 7 heures, la notion d’espace et de temps disparait rapidement. Les participants sont installés en cercle. Des règles de protections sont définies afin d’éviter tout incident mettant en péril la sécurité physique, psychique ou spirituelle des patients. Après avoir invoqué leur divinités protectrices et bénit l’espace pour obtenir une protection individuelle et collective, le chamane invite chaque participant à focaliser sur son intention puis à boire le breuvage de l’ayahuasca.

Après quelques minutes, une sensation d’ivresse envahit le corps. Une hyperesthésie se fait sentir avec des sensations décuplées : visuelles, auditives, physiques, olfactives… Les visions débutent. L’expérience est un enseignement multi-sensoriel où l’espace et le temps se distordent. Comme en thérapie classique, l’espace et le temps disparaissent pour laisse place à un temps psychique, celui de l’inconscient. Ici, l’apprentissage se fait par le biais de vision, de métaphores, de sensations et d’insights. Ce processus est très intense. Selon son expérience de vie et la profondeur de son parcours en psychothérapie, il peut être plus ou moins doux ou violent. Aussi, cette expérience n’est pas pour tout le monde au sens où elle est déconseillée pour des personnes fragiles au niveau de leur structure psychiques, ou n’étant pas prête à accueillir les contenus révélés par la plante. La démarche n’est pas celle d’une expérience de découverte, mais véritablement de l’exploration sincère et authentique de son intériorité.

Bien souvent, il est possible de lire ou d’entendre, que l’ayahuasca nous montre notre plus grande peur. Même si cela reste très subjectif, c’est en partie vraie, dans le sens où la plante confronte aux sujets à aborder en lien avec l’intention fixée. Aussi, la réponse peut être très différente de ce qui peut être attendu dans son intensité, et à la fois sur le fond et la forme.

Durant la cérémonie, les chamanes chantent des ikaros qui sont des chants qui éveillent l’esprit des plantes et servent de fil conducteur pour la guérison des patients. Durant l’EMC, en cas de crainte, il est recommandé de se relier (si cela est possible) à ses sensations corporelles, aux personnes auxquelles on tient, ou encore à sa spiritualité quel qu’elle soit. Enfin, se focaliser sur l’ikaros qui est chanté à tendance à ramener un certain focus et centrage dans l’expérience. Il s’agit en quelque sorte d’un fil de sécurité. De même, les ikaros peuvent aussi avoir une trace visuelle durant l’expérience psychédélique. Ainsi, il est possible de visualiser les Kénés qui sont les motifs tissés par les chants des chamanes durant la cérémonie. Pour les curanderos, elles peuvent être aussi perçues comme des cartographies. À titre d’exemple, ces motifs sont souvent représentés sur les célèbres estampes brodés shipibos.

Aussi, il est normal d’éprouver de l’attraction et de la crainte pour cette expérience profonde et sacrée qui nous relie à notre vulnérabilité et notre intimité.

–       La retraite isolement : Dans le contexte traditionnel, il est fréquent que les chamanes comme les patients réalisent de manière ponctuelle des diètes en isolement pour favoriser leur croissance intérieure et accompagner les étapes de la vie. Ces temps de retraites et de retour à soi favorisent les enseignements de sagesse et constituent une véritable hygiène de vie pour le guérisseur our la personne engagée sur le chemin intérieur et du travail spirituel. Ici, dans cette diète rituelle, il s’agit de travailler avec d’autres plantes que l’on appelle de contention. Le chamane sélectionne ces plantes en lien avec l’intention fixé et les blocages qu’ils détectent chez le patient. Ces plantes favorisent l’intégration du travail réalisé avec l’ayahuasca en provoquant des prises de conscience. La diète a lieu dans un environnement isolé de type forêt sans avoir accès à des références de type culturelle (montre, smartphone etc…). Ce temps est propice à la reconnexion à soi et à l’introspection. Ici, le patient est confronté à lui-même et à un environnement nouveau (qui peut-être par exemple celui de la jungle) avec des animaux et des insectes qui peuvent par exemple réveiller des peurs, de l’attrait ou de l’aversion. Ce travail en isolement favorise l’exploration de sa vulnérabilité (intérieure et extérieur) en se reconnectant au vivant et en prenant conscience de notre interdépendance.

–       En sortie de diète, dans certains cas, le chamane peut réaliser une nouvelle évaluation pour vérifier que les symptômes ont disparu. En poste diète, il est conseiller d’observer des règles alimentaires et comportementales afin de favoriser l’intégration douce du travail des plantes au niveau physique, émotionnel, comportemental, mental, psychique et spirituel. Ces recommandations peuvent toucher par exemple à une alimentation réduite en sucre et à l’abstinence sexuelle. Généralement, tout autre travail avec des plantes maîtresses quel qu’elles soient est déconseillé durant plusieurs mois.

Bien choisir son thérapeute et son chamane

bien choisir son thérapeute / chaman

Pour celles et ceux qui s’engagent sur le chemin de la guérison intérieure par les techniques chamaniques, selon moi, comme pour choisir un thérapeute, il existe des écueils à éviter.

En effet, le chamanisme bénéficie (bon gré – mal gré) souvent d’une « aura » évoquant la magie et la guérison rapide qui attire bien souvent la personne qui souffre envers des charlatans. Aussi, il s’agit de rester vigilant et de faire preuve de bon sens vis-à-vis de votre interlocuteur. En effet, bon nombre de personnes peuvent s’autoproclamer « chamanes » qui peuvent créer – consciemment ou pas – des dégâts sur un plan physique, émotionnel et psychique.

De ma propre expérience, un chamane authentique est empreint d’humilité et de respect envers sa pratique thérapeutique. Il s’est engagé sur un chemin de travail sur soi qui dure toute sa vie, avec parfois l’apprentissage oral avec un autre « maître de sagesse » ou par l’apprentissage direct par insights avec des pratiques rituelles (telles que le jeûne, quête de vision, méditations, plantes etc…).

Pour vous permettre de choisir votre thérapeute (et éventuellement votre chamane), voici quelques repères :

Chaque accompagnant appuie sa pratique thérapeutique sur un cadre de référence et suit un courant de pensée. Ce cadre a tendance à influencer les modalités, les orientations et le déroulement de l’accompagnement.  Ainsi, en conférence, quand on me demande des conseils pour choisir un thérapeute, j’ai l’habitude de répondre avec humour : « On a le thérapeute que l’on mérite. Tentez votre chance ! ». En effet, la rencontre dépend de multiples critères : le contexte du patient, son ou ses symptômes, sa localisation géographique, l’urgence, la formulation de la demande, l’aptitude à travailler sur soi, la qualité de la relation… Aussi, débuter un accompagnement est un grand pas en soi. En effet, la simple formulation d’une demande d’aide constitue déjà une graine d’espoir et de changement, la conscience chez le patient de ses limites, de ses symptômes et du besoin d’un tiers aidant.

–        Le cadre de référence : Nous l’avons vu, il s’agit du courant de pensée qui affecte sa posture, son approche clinique et les techniques déployées dans l’accompagnement.

–        Le travail sur soi en psychothérapie : Un thérapeute doit lui-même avoir gouté la saveur de ce qu’il prodigue, non ? Il est important qu’il se soit soumis lui aussi à l’expérience de la psychothérapie pour être au clair avec sa propre histoire et avec les dynamiques de son inconscient.

–        L’expérience clinique : Il s’agit de la pluralité des expériences qu’a pu rencontrer le thérapeute à la fois dans la typologie de patients reçus mais aussi des symptômes traités. Un thérapeute doté de la bonne expérience est capable d’exprimer avec humilité les sujets sur lequel il obtient de bons résultats et ceux où il n’est pas pertinent. Par exemple, pour ma part en thérapie, mes patients me donnent d’excellent retours sur la capacité à permettre de sortir d’un état dépressif ou se libérer de schémas relationnels toxiques, mais je sais que ne suis pas pertinent pour traiter les schémas de dépendance à l’alcool. Je préfère réorienter la demande vers des confrères, professionnels de santé, plus adaptés pour épauler le patient.

–        La recommandation : Même si elle reste subjective, en prenant toujours le recul nécessaire sur sa propre expérience dans la rencontre, la recommandation permet toutefois d’être un gage de confiance. Par exemple, même notre réputation sur internet a pris beaucoup d’essor, après plus de 10 ans de pratiques de l’accompagnement, la majorité de mes clients et patients continuent de prendre contact par le bouche-à-oreille.

–        L’éthique : L’éthique évoque le fait d’être fidèle à des valeurs morales élevées qui se concrétisent dans des engagements et des lignes de comportements normés dans un code de déontologie professionnel. Dans ces deux cas, il s’agit de l’ensemble des bonnes pratiques servant de références pour une communauté de praticiens. L’intégrité, quant à elle, renvoie au fait de préférer être fidèle à ses valeurs plutôt que de choisir de bénéficier de potentiels gains personnels plus élevés en les transgressant. Ainsi, l’on comprend que l’éthique, l’intégrité et la déontologie sont fortement liées. Elles sont essentielles dans la pratique du métier d’accompagnant. Ces règles permettent de clarifier le positionnement de l’accompagnant. Le cadre d’affiliation à une fédération permet de plus, de sécuriser les clients. En effet, l’affiliation a tendance à donner à un patient potentiel une visibilité concernant le cadre éthique dans lequel l’accompagnant exerce ses compétences et ses pratiques. Par ailleurs, il sait aussi à qui se référer en cas de problème rencontré dans l’accompagnement. Les fédérations facilitent l’évitement de dérives de certains accompagnants : relation au patient problématique (agressivité, mise en danger, emprise, domination, abus de confiance…), rupture de la confidentialité, conflits d’intérêts, etc. En s’affiliant à une fédération, l’accompagnant se soumet aux exigences du métier. Il s’engage à les respecter.

–        La congruence : Elle signifie que les pensées, les paroles et les actes du thérapeute sont alignées avec ses valeurs. Ainsi, vous vous reconnaissez dans les valeurs du thérapeute et vous observez que ses comportements reflètent ces valeurs partagées. Si vous ne savez pas encore quelles sont vos valeurs existentielles, alors, nous vous recommandons la passation de HOVTA Valeurs en format particuliers. Ainsi, vous serez à même de recevoir le rapport sur-mesure avec vos 3 valeurs existentielles fondamentales. Ainsi, vous pourrez dresser l’esquisse d’un projet en accord avec vos valeurs afin de vous épanouir et de donner un sens plus profond à votre vie.

–        Sa relation à l’argent : Tout travail thérapeutique demande une contribution financière. Cependant, un accompagnement de qualité vise à favoriser l’empowerment (l’empuissancement) du client, c’est-à-dire son autonomie et sa responsabilité. Ainsi, si vous ressentez un mécanisme de dépendance qui émane du thérapeute, il s’agit de questionner potentiellement sa pratique. Cependant, s’il s’agit d’un mécanisme de dépendance émanant de votre côté, osez lui en parler. Cela fait surement partie de votre schéma relationnel inconscient.

–        Le cadre externe sécure : Il s’agit de l’ensemble des balises qui constituent le dispositif d’accompagnement à savoir par exemple les horaires, le nombre de séances, leur durée, le prix de la séance, le lieu, les techniques utilisées… Ce cadre permet de sécuriser la relation d’accompagnement. Ainsi, il est important d’aborder avec le thérapeute les permissions et les limites du dispositif. Les limites sécurisent l’exploration intérieure, et les permissions quant-à-elles favorisent la croissance intérieure et l’autonomie.

–        La supervision : Il s’agit de l’espace dans lequel le thérapeute aborde ses difficultés avec ses patients avec un thérapeute plus expérimenté, en osant se montrer vulnérable, en remettant en question sa pratique afin d’identifier des solutions pour mieux servir ses patients.

–        L’écoute de votre intuition : Votre meilleur allié reste votre intuition lorsque vous êtes en présence du thérapeute. Il s’agit de de sentir en confiance pour oser travailler sur des sujets intimes et vulnérables. Aussi, si votre corps vous exprime que vous n’êtes pas à l’aise, écoutez-le. Vous pouvez aussi en parler à un ami ou à votre thérapeute pour co-construire l’alliance. Cependant, gardez toujours à l’esprit : vous savez à qui vous pouvez (ou pas) faire confiance. Aussi, faites-vous confiance en priorité. Écoutez vos ressentis !

Pour le choix du chamane, c’est sensiblement la même chose. Voici quelques questionnements vous permettant de vous positionner :

–       Quel est son parcours ?

–       Quel est son degré de travail sur soi ?

–       Qui sont ses enseignants ?

–       Ses paroles et ses actes sont-ils alignés ?

–       Fait-il preuve d’éthique ?

–       Comment vous sentez-vous en sa présence ?

–       Quelle est sa relation à l’argent ?

–       Depuis combien de temps exerce-t-il ?

–       Comment est construit le cadre de l’accompagnement ?

–       Quels sont les recommandations ?

–       Quels sont ses restrictions et limites ?

–       Quelle est son hygiène de vie spirituelle ?

–       Quelle est la posture adoptée : humble au hautain ?

–       Est-ce que je me sens en sécurité ?

Les réponses ne sont pas toujours simples. Aussi, s’il s’agit du chemin que vous avez choisi, prenez le temps.

Vous l’aurez compris, « Être accompagnant » est un métier engageant et exigeant qui ne se prend pas à la légère. « Accompagner » signifie d’être capable d’accueillir la demande du patient, de se sentir suffisamment compétent pour la traiter dans un espace sécure permettant d’explorer la vulnérabilité pour se transformer, tout en valorisant l’autonomie et la responsabilité. Cela signifie à la fois compétence mais aussi travail sur soi et humilité, en ayant conscience de ses propres vulnérabilités et de ses propres limites.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le métier de thérapeute, je vous recommande l’excellent livre de Irvin Yalom intitulé l’ « art de la thérapie »

Je vous recommande aussi mon dernier livre « influencer le changement : hypnose conversationnelle et communication hypnotique » qui aborde notamment la thématique de la posture et de l’éthique de l’accompagnant.

Conclusion en ouverture 

Pour moi, l’ayahuasca est une invitation à traverser nos angoisses existentielles.

Ces angoisses ont été définies par le psychologue Irvin Yalom dans le livre « Thérapie existentielle » :

–       La mort qui renvoie à notre propre finitude

–       La liberté qui renvoie à la manière dont nous organisons et structurons nos vies ainsi qu’à notre responsabilité

–       L’isolement fondamental qui renvoie à la manière dont nous construisons nos relations interpersonnelles

–       Le sens qui renvoie à notre engagement dans la vie

Les plantes maîtresses nous confrontent à « ce qui bloque » et fait obstacle sur le chemin de vie. Elles sont des invitations à nous dépouiller pour contacter avec authenticité notre plus profonde vulnérabilité, à nous libérer des voiles de notre égo pour construire une relation plus harmonieuse avec soi, avec l’autre et avec le vivant. Progressivement, notre spiritualité peut s’ancrer dans notre quotidien. Alors, avec douceur et émerveillement, nous pouvons explorer et découvrir notre vocation qui est l’acceptation profonde des singularités de notre raison d’être. Nos actions reflètent alors notre engagement dans les relations et dans la vie.

En écho à cette sagesse, j’aime beaucoup l’approche du psychanalyse existentialiste Viktor Frankl qui démontre que l’inconscient ne parle pas seulement de pulsion mais d’une aspiration plus profonde au divin en soi et qu’il qualifie comme un « Dieu inconscient », qui est très personnel avec lequel nous tissons un contact direct. Cet enseignement n’est pas religieux. Au contraire, il est profondément expérientiel et incarné dans la vie quotidienne. Il est possible de parler de mystique, qui est invitation à découvrir le divin en nous et en présence à la vie. Il s’agit d’une invitation personnelle à vivre une spiritualité incarnée.

J’espère sincèrement que cet article vous aura permis de mieux comprendre la profondeur du travail de chamanes authentiques pratiqué dans un contexte culturel adapté et en respectant une éthique et une hygiène de vie exigeante. Je souhaite de tout coeur que cet article ai suscité l’envie en vous de débuter un travail thérapeutique quelqu’il soit. Pussiez-vous rencontrer le thérapeute le mieux adapté à votre personnalité et votre besoin. Pussiez-vous oser formuler une demande en poussant la porte d’un cabinet de psychothérapie afin d’amorcer ce chemin authentique du retour à soi.

Puisse chacun.e oser avancer sur le chemin intérieur pour devenir plus responsable, plus doux et plus aimant dans son rapport au vivant.

Puissions-nous avoir la sagesse de préserver le poumon de notre belle planète bleue et de contribuer à notre mesure à un monde plus vivable et plus juste.

Namasté 🙏

Ps : Et parce que je reste un « sale gosse rebelle », je vous partage deux musiques inspirantes sur l’Amazonie 😁

–       Gojira – Amazonia

–       Sepultura – Roots Bloody Roots

Pps : Voici quelques références pour aller plus loin sur le sujet :

–       « Le chamane et le psy » d’Olivier Chambon et Laurent Huguelit

–       « Deux plantes enseignantes » De Jéremy Narby

–       « Plantes et chamanismes » de Jan Kounen, Vincent Ravalec et Jérémy Narby

–       « Le serpent cosmique » de Jérémy Narby

–       « La voie du chamane » de Michaël Harner

–       « L’herbe du diable et la petite fumée » de Carlos Castaneda

–       « Recouvrir son âme et guérir son moi fragmenté » de Sandra Ingerman

–       « Soigner les âmes : l’invisible dans la psychothérapie et la cure chamanique » de Edouard Collot et Bertrand Hell

–       « La foi qui guérit » de Jean-Martin Charcot

–       « Psychologie transpersonnelle » de Stan Grof

–       « Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase » de Mircéa Eliade

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