Le reparenting en coaching : guérir son enfant intérieur et changer son monde

Vous sentez que votre coaché répète de vieux schémas ? Vous avez l’impression que votre client bloque sur des croyances limitantes qui l’empêchent d’atteindre ses objectifs ? Sans interférer avec le domaine de l’accompagnement thérapeutique, le reparenting peut vous aider de manière fluide et élégante à reconnecter l’enfant intérieur de votre client pour lui permettre de révolutionner son monde. Découvrez comment le Coaching Humaniste peut vous aider à développer une approche du coaching profonde, impactante et pleine de sens.

La recherche du sens profond de l’existence

Bien souvent, dans les réseaux d’accompagnant, j’entends des craintes vis-à-vis des frontières entre le coaching et la thérapie. Ce sont effectivement des métiers très différents de par leurs postures, leurs enjeux et les techniques utilisées. Cependant, il existe une posture qui selon moi – peut-être parce que j’exerce ces deux métiers dans des espaces différents en ayant conscience de leurs spécificités – qui permet de toucher la profondeur de l’être que cela soit en coaching, en thérapie ou tout simplement dans la vie.

Il s’agit de la posture d’accueil inconditionnel de ce qui se présente et l’humilité de ne pas savoir en ayant conscience de ces limites. Paradoxalement, cela demande un immense travail sur soi et aussi un lâcher prise.

Dans cet article, je vais vous partager une technique que l’on appelle le reparentage qui émane de l’accompagnement thérapeutique et qui peut facilement être déclinée en coaching afin de favoriser une transformation en profondeur du coaché.

Rassurer l’enfant intérieur pour guérir ses blessures et dépasser le faux self

Aujourd’hui, quel que soit notre cadre de référence et notre style d’accompagnement, nous nous accordons sur le fait que les phases de notre développement durant l’enfance influencent fortement la manière dont nous nous comportons. Ainsi, inconsciemment, nous mettons en œuvre des schémas relationnels qui sont bien souvent le reflet de nos blessures d’enfant.

À notre insu, nous pouvons parfois développer un « faux self » qui peut être décrit comme un masque protégeant notre « vrai self » qui est perçu comme vulnérable.

En psychologie, ce concept fut créé par Donald Winnicott. Ce concept renvoie à la manière dont s’est effectuée la relation entre le nourrisson et sa mère. Le vrai self (ou soi authentique) est l’image que le sujet se fait de lui-même et qui correspond à ce qu’il est et perçoit à travers une réaction authentique. Le vrai self est l’action spontanée, c’est un geste créateur qui reflète la vie réelle.

Selon Winnicott, une mère qualifiée de suffisamment bonne est une mère qui permet de rendre un peu du sentiment de toute-puissance associé à la mère au nourrisson, en permettant à l’enfant d’avoir l’illusion de créer le monde, alors il pourra développer un soi authentique.

Le faux self (ou faux soi) est une réaction défensive d’adaptation qui a été développée dans la petite enfance. Véritable pilote automatique, elle est un rempart à l’angoisse. En ce sens, l’enfant adapte ses comportements pour « séduire » sa mère pour bénéficier de l’expression de son amour, qui est associé à la survie. Ainsi, selon Winnicott, une mère qui n’est pas suffisamment bonne est une mère qui n’a permis à l’enfant de trouver-créer cet espace de toute puissance créative. Ainsi, l’enfant développera un faux self en se soumettant à son environnement.

La fonction principale du « faux self » est de masquer ou de protéger le vrai self qui représenterait une menace vitale pour l’enfant perçu comme trop fragile. Ainsi, l’enfant construit un faux self en répondant à son environnement en vue de recevoir des gratifications. En grandissant, l’adulte conserve parfois ces modes défensifs en se coupant totalement de ses sensations, de ses ressentis, et restant dans la pensée. Ainsi, il est en perpétuelle sur-adaptation à son environnement. Ainsi, bien souvent, il s’agit d’adultes très performants car très adaptés à leur environnement culturel, mais qui se sentent, la plupart du temps sans le savoir, profondément vides, comme déconnectés dans la relation au monde. Au fond, ils aspirent inconsciemment à reconnecter à eux-mêmes, à leur enfant intérieur, et accéder à la force du ressenti source de spontanéité et de créativité ; en bref, à vivre et non plus à survivre. Le juste équilibre de ces « deux selfs » permet à la fois d’agir de manière spontanée en étant soi-même, mais aussi de choisir de s’adapter quand cela est nécessaire pour s’intégrer dans un environnement.

Dans le processus de reparentage, nous allons voir comment l’adulte lui-même qui – épaulé par l’accompagnant – prend soin de son enfant intérieur comme le ferait une « bonne mère » qui a pu faire défaut dans l’enfance.

Se reconnecter avec le vrai soi

Le chemin de la psychothérapie permet – dans le cadre d’une alliance thérapeutique de qualité – de s’autoriser à déposer les masques pour devenir pleinement soi-même. Cette alliance peut être empreinte d’humanisme, d’authenticité et de congruence en étant centré sur le client, et bénéficier d’un transfert positif où le client investit le thérapeute avec des affects anciens pour lui permettre de déployer des schémas relationnels anciens tout en favorisant la nouveauté, qualifié d’ajustement créateur ou d’expérience émotionnelle correctrice. Ainsi, le client se révèle capable d’accéder à des prises de consciences profondes l’invitant à explorer son potentiel en développant de nouvelles capacités, de nouveaux comportements, de nouvelles attitudes, de nouveaux modes d’interaction, et surtout une nouvelle manière d’être au monde en étant pleinement soi-même. Ce chemin de reconnexion à soi est probablement le plus beau cadeau que l’on puisse d’offrir en tant qu’individu mais aussi au monde en acceptant pleinement sa part de responsabilité dans la relation aux autres.

Bien sûr, plusieurs thématiques peuvent être travaillées avec par exemple la confiance en soi qui est la croyance en ses capacités, l’affirmation de soi qui interroge sur le regard de l’autre et l’estime de soi qui est l’amour que l’on se porte.

Bien souvent, sous l’influence du faux self, nous prenons l’habitude de nous protéger avec des rigidités dans nos schémas de pensées, nos manières d’interagir avec l’autre et nos façons d’agir.

Comment prendre soin de l’enfant intérieur et le guérir par la posture coach ? 

J’ai la chance d’accompagner en thérapie à partir de 4 grands cadres de références qui permettent d’adapter ma posture et les techniques en fonction de la problématique rencontrée par le client, à sa demande et à ses singularités en tant qu’individu.

L’avantage d’utiliser une approche intégrative est de faire preuve de flexibilité dans l’usage des concepts théoriques et des concepts qui en découlent afin de servir au mieux le développement intérieur du client. Ainsi, l’intention de l’accompagnant est empreinte de la volonté farouche de servir l’autre en favorisant sa croissance intérieure. Cela passe selon moi par une hygiène de vie de l’accompagnant avec un profond travail sur soi avec un parcours en psychothérapie pour explorer ses propres schémas (il s’agit du travail d’une vie), et d’oser remettre en question sa pratique professionnelle par la formation continue et la supervision. Être accompagnant, c’est donc savoir pourquoi nous le sommes devenu et opter pour une attitude d’humilité dans la relation à l’autre afin de révéler l’être et les possibles de la vie. Cela passe donc par une éthique relationnelle infaillible, empreinte d’un amour de type Agapè qui ne juge pas et accueille l’autre dans toutes ces facettes. C’est cet amour qui accueille inconditionnellement qui enveloppe le client avec ses singularités et ses vulnérabilités pour devenir enfin lui-même et affirmer son désir de vivre en s’autorisant à explorer ses formes d’expressions.

À partir de cette intention de contribuer au monde de l’accompagnement, nous avons construit la formation de Coaching Humaniste qui intègre les 4 grands cadres de références (clinique, cognitive comportemental, systémique et maïeutique) et les 2 approches que sont le constructivisme (c’est-à-dire de construire une représentation mentale tel qu’un objectif puis de construire des étapes et des actions pour transformer cette idée dans le Réel) et la phénoménologie (qui consiste à accueillir ce qui se présente dans le présent pour envisager de nouvelles manière d’être et de faire en explorant nos potentialités).

La demande véritable : Retrouver l’amour de l’enfant intérieur

La première phase du processus de « guérison » ou de « transformation profonde » consiste à accueillir ses symptômes et ses difficultés pour oser demander de l’aide à un tiers, un professionnel compétent. Fréquemment, les clients imaginent que cette transformation peut bouleverser leur vie et leur personnalité. En soi, durant le processus, ils s’aperçoivent qu’ils changent en profondeur sans totalement transformer leur personnalité. En réalité, ils affinent leurs désirs et leurs envies en s’affranchissant du superflu en se rapprochant de l’écoute de leurs besoins fondamentaux et en s’engageant dans des relations plus authentiques. Le processus thérapeutique a tendance à favoriser un certain « dépouillement » en allant vers l’être plus que le faire. En ce sens, le processus est presque spirituel car il favorise l’apprivoisement de son intimité pour accueillir sa vulnérabilité et s’autoriser à être heureux. D’ailleurs, dans ses travaux de recherche, le célèbre psychanalyste autrichien Viktor Frankl qui est l’un des spécialistes ayant consacré sa vie au concept du sens de l’existence évoque l’émergence d’un Dieu inconscient très personnel plutôt que religieux.

La demande peut être de plusieurs types : formelle (directe ou objective) : « Je veux arrêter de fumer en sortant de chez vous. » ; formelle indirecte : « J’en ai marre de souffrir. Je ne sais plus quoi faire. J’ai besoin d’aide… » ; indirecte (réelle ou forcée) : « Mon chef m’a dit de venir vous voir car il paraît que je ne sais pas gérer mes priorités… » ; apparemment inexistante : « Je ne sais pas pourquoi je viens… On m’a dit que cela pourrait me faire du bien… ».

La formulation de la demande est intéressante car elle permet bien souvent de cerner les contours de la demande véritable, en comprenant notamment comment le client interagit avec son environnement. Ainsi, bien souvent, en thérapie comme dans leur vie, les clients peuvent exprimer leur demande de manière assez maladroite, en engendrant des schémas relationnels répétitifs.

Formuler une demande d’aide n’est pas toujours simple. En effet, c’est accepter de se montrer vulnérable et sortir d’un schéma mortifère de toute puissance. Comme l’exprime Jacques Lacan « toute demande est avant tout une demande d’amour ». En percevant les interactions humaines sous cette perspective de la demande et de l’amour, une révolution intérieure s’amorce chez l’accompagnant. En effet, il comprend que lorsqu’il accueille un client, il reçoit bien sûr un adulte mais aussi un enfant intérieur portant à la fois des ressources et ses blessures, et qui influencent le client de manière inconsciente. Ainsi, par exemple, la plainte peut être perçue comme une demande mal formulée en se défaussant de sa part de responsabilité. Ainsi, le fait de demander de l’aide est un acte courageux car il remet en question tout une manière d’être, en acceptant à la fois le besoin de changer et en accueillant aussi l’incertitude de ce qui va émerger durant l’accompagnement.

Accueillir le symptôme pour s’autoriser à « parler vrai »

 Ici, le symptôme peut être compris comme une difficulté, un schéma ou encore une sensation. En lien avec la demande initiale l’accompagnant peut inviter son client à explorer les contours du symptôme avec :

–        Les situations déclencheurs du symptôme : C’est-à-dire le contexte dans lequel se manifeste le symptôme dans la vie personnelle et professionnelle. Cette première analyse permet de détecter les signaux et de comprendre l’esquisse des enjeux plus profonds chez le client.

–        L’analyse de sa manifestation : C’est-à-dire à dire les émotions, les sentiments et les sensations associés au symptôme.

–        Les schémas cognitifs : C’est-à-dire les pensées et jugements associés à ces sensations et ces émotions. Ici, il est possible d’identifier des verbatims de types injonctions qui pilotent les comportements du client. Bien souvent, étant donné qu’il consulte, il s’agit de croyances limitantes qui l’empêchent d’atteindre ses objectifs et de développer son plein potentiel.

–        L’impact sur l’environnement : C’est-à-dire les réactions instinctives défensives (attaque, figement ou fuite) ou stratégiques d’ajustement qui émergent en analysant leurs conséquences dans l’environnement professionnel et personnel, que cela soit en relation avec l’interlocuteur, le collectif mais aussi avec soi-même.

Comment sortir des Jeux psychologiques et des faux semblants en coaching ?

Un client que nous appellerons Paul exprime le fait qu’il manque de confiance et a du mal à prendre place au sein du comité de direction de son entreprise. À 48 ans, même s’il possède une grande expérience en tant que manager notamment à l’international, il exprime que fréquemment lors des prises de parole en collectif, il hésite à partager son point de vue de peur de blesser ses interlocuteurs.

La demande de coaching : Son objectif de processus est « je me sens calme et apaisé en exprimant mon point de vue dans une réunion de comité de direction » Les indicateurs de réussite sont : une méthode sur-mesure favorisant la réassurance, la mise en situation réussie et une respiration calme et détendue lors de la prise de parole et un feedback au coach.

Dans ces situations, il ressent que sa gorge est nouée, ses mains sont moites et tremblent légèrement, que sa respiration est coupée et que les battements de son cœur s’accélèrent. Instinctivement, il se sent figé et ne peut exprimer son point de vue. La stratégie qu’il a développée est de s’appuyer sur un des membres du CODIR pour favoriser l’expression de son point de vue. Cette stratégie de coping demande beaucoup d’effort car il doit faire des actions de lobbying en amont des réunions de codir pour convaincre les membres du codir de manière individuelle. Il a peu de temps. Ainsi, cette stratégie montre ses limites.

Lorsqu’il s’apprête à prendre la parole, il se dit « Mon avis n’intéresse personne », « Tu vas leur faire perdre du temps », ou encore « Ils vont se moquer de moi ».

Sa peur fondamentale est celle du rejet qui se caractérise par un fort besoin d’approbation et de reconnaissance.

Dans son environnement professionnel, il a du mal à faire respecter ses limites, à dire non, à affirmer son point de vue. Il se sent épuisé. À ce titre, il évoque un arrêt de travail de 15 jours où son médecin avait détecté les signaux d’un début de burn-out. Avec humour, il exprime avec un rire nerveux « c’est fou jusqu’où nous pouvons aller par manque de légitimité ». De par notre alliance de qualité, je m’autorise à lui proposer cette reformulation « Oui, c’est fou ce que vous pouvez faire pour être aimé tel que vous êtes ». Le client se montre très ému. Et je poursuis ainsi : « et, c’est le travail que nous allons mener en reparentant votre enfant intérieur ».

L’activité omniprésente de l’enfant intérieur

L’enfant intérieur est l’archétype qui représente la partie de notre personnalité qui est connectée à l’enfance. Sous l’influence de notre environnement, nous nous sommes ajustés pour recevoir de l’amour, vivre ou survivre. Blessés durant l’enfance, nous avons tendance à développer des schémas relationnels inefficaces, nous mettant dans les mêmes conditions d’échec ou de survie. Après avoir connecté et guéri notre enfant intérieur, nous sommes capables de vivre plus pleinement dans l’instant présent, en nous exprimant de manière spontanée, en écoutant nos intuitions, en vivant nos émotions et en développant notre créativité.

John Pierrakos (1921-2001) était un psychiatre américain qui a co-fondé l’Institut pour l’Analyse Bio-énergétique avec Wilhelm Reich, Alexander Lowen et William Walling. Il a mené des travaux sur les blessures existentielles qui ont ensuite été repris et simplifiés par l’auteur à succès Lise Bourbeau. Alors, qu’elle partage 5 types de blessures, de son côté, Pierrakos définissait 8 types de blessures qui seraient vécues par l’enfant durant son développement et affecteraient son psychisme et ses comportements d’adulte : l’abandon, le rejet, l’humiliation, la trahison, l’injustice, mais aussi l’intrusion, l’impuissance et l’insécurité.

Dans la perspective de l’enfant intérieure, on distingue 5 blessures principales :

1.     Blessure du Rejet : Le masque de comportement associé à la blessure du rejet est celui du fuyant. Lorsque la blessure du rejet est rejouée, l’adulte aura tendance à éprouver des difficultés à s’affirmer et à trouver sa place en se sentant comme transparent aux yeux d’autrui. Lorsqu’elle est refoulée, l’adulte deviendra bien souvent hyperactif en ayant des difficultés pour se poser et affronter l’ennui. Enfin, lorsque la blessure est sublimée, l’adulte sera capable de faire preuve d’inclusion vis-à-vis des différences en fédérant le collectif.

2.     Blessure de l’Abandon : Le masque de comportement associé à la blessure de l’abandon est celui de la dépendance. Lorsque la blessure de l’abandon est rejouée, l’’adulte éprouvera de grandes difficultés pour construire des relations stables et sécures. Lorsqu’elle est refoulée, l’adulte trouvera des raisons d’abonner les siens et couper les relations. Lorsque la blessure est sublimée, l’adulte deviendra un médiateur capable de réconcilier les opposés.

3.     Blessure de l’Humiliation : Le masque de comportement associé à la blessure de l’humiliation est celui du masochisme. Lorsque la blessure de l’humiliation est rejouée, l’adulte manquera de confiance et se sentira toujours inférieur aux autres. Lorsque la blessure est refoulée, bien souvent, l’adulte développera un complexe de supériorité qui cache une profonde vulnérabilité. Lorsque la blessure est sublimée, l’adulte deviendra le sauveur des personnes humiliées. Il s’engagera dans la défense d’une cause.

4.     Blessure de la Trahison : Le masque de comportement associé à la blessure de la trahison est celui du contrôle. Lorsque la blessure de la trahison est rejouée, l’adulte aura tendance à se montrer naïf dans son rapport au monde. Lorsqu’elle est refoulée, l’adulte aura du mal à faire confiance aux autres. Lorsqu’elle est sublimée, l’adulte s’affirmera en étant pleinement lui-même et s’engagera dans des relations authentiques.

5.     Blessure de l’Injustice : Le masque de comportement associé à la blessure de l’injustice est celui de la rigidité. Lorsque la blessure est rejouée, l’adulte aura tendance à voir le côté négatif des choses. Lorsqu’elle est refoulée, l’adulte deviendra un tyran dans ses relations avec son entourage. Enfin lorsque la blessure est sublimée : l’adulte s’engagera dans un domaine nécessitant l’ordre et la discipline.

La voie de la guérison mène à la paix intérieure. La voie de la sublimation mène à la passion.

Ces blessures correspondent aux perceptions infantiles (6-8ans) logées dans notre inconscient. Ces perceptions sont déformées par la pensée concrète et littérale de l’enfant sous l’influence des suggestions situationnelles de son environnement (verbal, paraverbal, non verbal et répétition). L’archétype de l’enfant intérieur est étroitement lié à notre cerveau limbique et à nos émotions. Ainsi, nous avons tous une représentation intérieure très personnelle de l’enfant.

Rencontrer et soigner l’enfant intérieur en coaching

Voyons maintenant comment adapter cette technique thérapeutique au contexte très différent du coaching.

Si le client possède une sensibilité à l’introspection, le vocable d’enfant intérieur peut lui être familier. Cependant, parfois, ce vocable peut paraître obscure ou réveiller des peurs vis-à-vis de la psychothérapie. Ici, l’intention est de s’appuyer sur les concepts issus du champ thérapeutique afin de les décliner de manière sécurisante et impactante dans le contexte spécifique du coaching.

L’enfant s’exprime toujours dans le présent. C’est lui qui insuffle les émotions et les sensations que nous avons identifiés dans les situations qui pénalisent le coaché.

Dans le cadre d’un accompagnement, le processus de reparentage peut se révéler très efficace. Il s’agit d’une technique créée dans les années 1960 qui trouve ses fondements dans l’analyse transactionnelle et les différents états du moi (Parents, Adulte et Enfant). Dans le cadre de l’accompagnement thérapeutique, le reparenting consiste à apporter à l’enfant intérieur les ressources pour lui permettre de répondre aux besoins affectifs manquant durant l’enfance. À ce titre, l’enfant a pu vivre des expériences subjectives de manque d’amour, de maltraitance, de rejet et des parties traumatisées encore enfant s’expriment en nous à l’âge adulte en criant leur souffrance. L’enjeu est d’aller à la rencontre de ces « états du moi » blessés figés ou hyperactivés en les sécurisant pour les apaiser en réorientant leur énergie dans le présent.

En thérapie, cette technique intégrative se montre particulièrement efficace lorsqu’elle est associée à l’expression des sensations et ses émotions du client. Elle permet de réparer les liens d’attachement qui ont été affectés durant l’enfance mais qui restent actifs à l’âge adulte en influençant nos relations interpersonnelles avec par exemple des angoisses, un sentiment de culpabilité, une mauvaise estime de soi, un manque de confiance en soi, des difficultés relationnelles, des schémas de répétition…

Le reparenting se déploie en 4 étapes :

1.     L’identification du schéma cognitif en s’appuyant sur les ressentis et les sensations

2.     La pédagogie sur le concept d’enfant intérieur avec la personnification des comportements limitants en favorisant la dissociation : Adulte/Enfant

3.     La mise en œuvre d’actions thérapeutiques valorisant l’autonomie du client dans le processus de guérison en étant son propre parent. Ainsi, lorsque les symptômes se manifestent, le client prend conscience que son enfant intérieur s’exprime. Ainsi, son rôle en tant qu’adulte est d’aller le rassurer en lui exprimant que c’est lui, en tant qu’adulte, qui va gérer la situation et le protéger. Cette dissociation et l’amour accordés à la partie la plus vulnérable de soi permettent d’affronter les situations qui étaient en apparence insurmontables avec plus d’aisance. Plusieurs techniques de renfort peuvent être associés avec notamment l’ancrage ressource qui peut être un objet à forte charge affective qui valorise le travail de reparentage et la connexion protectrice à l’enfant ou encore une phrase ou un geste.

4.     La valorisation des avancées du client durant les entretiens thérapeutiques afin de renforcer son autonomie et son estime de soi.

Dans le cadre d’un accompagnement en coaching, le processus de reparentage peut se déployer de la manière suivante :

1.     Identifier les schémas cognitifs en s’appuyant sur les sensations et les émotions

2.     Faire preuve de pédagogie en exprimant qu’une facette de soi se sent vulnérable et craintive et qu’elle a besoin de l’aide de notre facette la plus adulte. Ici, il s’agit de personnifier le comportement limitant en donnant un nom à l’archétype. Par exemple, Paul a choisi « l’homme invisible » en se référant à son incapacité à s’exprimer et au fait de se sentir transparent aux yeux des autres.

3.     Valoriser le versant positif de cet archétype en exprimant que lorsqu’il sera suffisamment sécure, il pourra vivre pleinement ses émotions, écouter ses intuitions, faire preuve de créativité. Ainsi, dans le cas de Paul, il fut capable d’identifier chez son homme invisible plusieurs capacités telles que l’empathie, l’observation ou la médiation.

4.     Construire un programme d’entrainement qui invite le client dans sa facette adulte à s’exprimer avec l’archétype vulnérable lorsqu’il manifeste sa crainte. Pour cela, il s’agit de mentionner que l’archétype s’exprime par les sensations et les émotions qui ont été analysées en première étape. Lorsque ces sensations et ces ressentis son éprouvés, le client doit alors utiliser son ancrage (qui peut-être un objet reliant à l’enfance (avec par exemple : une petite voiture ou un porte clé) ou une phrase à valence positive (avec par exemple « Je suis capable » ou « Je suis là pour toi ») ou encore un geste, et s’adresser intérieurement à sa facette vulnérable en lui disant « Je sais que tu as peur. Sens-toi tranquille. Je suis là pour t’aider. C’est moi qui vais gérer cette situation en tant qu’adulte car j’en ai les compétences ». Ici, l’adulte joue le rôle de parent bienveillant et soutenant pour l’enfant intérieur en l’écoutant et en le protégeant dans les situations difficiles. Ce mécanisme de réassurance répété de soi à soi apporte d’immenses bénéfices car le client renforce la confiance en soi et son autonomie.

Si cette phase est difficile, il est possible de réaliser des mises en situations avec le client  en s’appuyant notamment sur les apports de la théorie polyvagale.

Stéphen Porges, professeur de psychiatrie à l’Université de Caroline du Nord et scientifique émérite à l’Université de l’Indiana, est le fondateur de la théorie polyvagale. Elle est aussi qualifiée de science de la relation. Elle est une étude spécifique du nerf vague. À ce titre, il a été constaté que l’activité vagale a des effets sur le rythme cardiaque, les vaisseaux sanguins, le cœur, les poumons, la sensibilité, ou encore le tube digestif. En effet, le nerf vague influence nos humeurs, contrôle la fréquence cardiaque, impacte la circulation sanguine, coordonne le système respiratoire, régule le glucose du foie et la glycémie par le biais du pancréas, agit sur l’œsophage et la déglutition, régule la digestion, gère le fonctionnement du transit intestinal et la vessie, agit sur le système immunitaire, et influence fortement la qualité de notre sommeil.

La théorie polyvagale s’appuie sur 3 grands principes :

•       La hiérarchie entre les états du système nerveux :

  1. L’état dorsal (ou parasympathique) se réfère au système de fermeture qui s’exprime par la fermeture et la protection par la déconnexion.
  2. L’état sympathique se réfère au système d’action qui s’exprime lors de la mobilisation ou de la protection par l’action.
  3. L’état ventral se réfère au système de connexion qui s’exprime quand nous nous sentons engagés, en sécurité et en confiance.

Il n’existe pas d’état plus important que l’autre. Cependant pour agir de manière saine, il s’agit d’avoir une fluidité de basculement d’un état à l’autre. Pour cela, l’auto-régulation et la co-régulation permettent de basculer vers l’état ventral quand notre système est dérégulé.

•       La neuroception est la capacité que possède notre système nerveux pour percevoir les signaux de sécurité ou de danger à la fois à l’extérieur de soi, à l’intérieur de soi, mais aussi entre soi et les autres.

•       La corégulation favorise un apaisement de notre système nerveux grâce au système nerveux régulé d’une autre personne. Il s’agit d’un impératif biologique. En effet, notre système nerveux recherche à être en lien avec le monde et les autres pour retrouver sa sécurité par le biais de l’autre. Dans cette même perspective, l’auto-régulation consiste à apaiser son système nerveux de manière autonome afin de revenir à un état de sécurité intérieure. Pour s’auto-réguler, il existe trois méthodes : la respiration, le mouvement et le toucher.

Le fait de connaitre la théorie polyvagale permet d’apprendre à activer le nerf vague pour gagner en sécurité intérieure et en confiance en développant des méthodes pratiques pour apaiser ses signaux d’insécurité mais aussi ceux dans la relation à l’autre.

Ainsi, un accompagnant qui comprend la théorie polyvagale est capable de mettre en œuvre des techniques pratiques pour réguler son nerf vague et se préserver de la fatigue de compassion. Tout d’abord, lorsqu’il ressent de l’insécurité, il peut grâce à la neuroception (ou interoception) employer de manière consciente l’une des 3 astuces que sont la respiration, le mouvement ou l’auto-toucher. De même, quand il perçoit les signaux d’insécurité dans la relation d’accompagnement ou chez l’autre, il peut facilement questionner les besoins de l’autre ou proposer avec l’autorisation de l’autre de bouger dans l’espace, de prendre un temps de respiration ou encore de toucher par exemple une épaule pour réguler le nerf vague de son interlocuteur.

La pratique de la théorie polyvagale permet de développer le tonus de son nerf vague avec une bascule fluide d’un état à l’autre, et de créer des relations authentiques et sécure pour permettre à chacun de révéler son potentiel. 

5.     Inviter le client à se ré-associer, c’est-à-dire à se reconnecter à ses sensations et ses émotions après avoir vécu la situation. Ainsi, il peut ancrer un nouveau ressenti vis-à-vis de la facette qui était perçue comme vulnérable. Il est possible aussi de se féliciter et de célébrer cette victoire. Le coach peut aussi se révéler être un relai positif pour consolider l’apprentissage, soutenir les efforts et valoriser les réussites.

6.     Consolider l’apprentissage en transformant l’archétype. Ici, il s’agit de renommer l’archétype qui était vulnérable en une version différente plus affirmée et authentique. Ainsi, pour Paul, son « homme invisible » est devenu un « caméléon créatif » capable de s’ajuster à son environnement quand il le souhaite. Dans l’alliance de coaching, il est alors possible de renforcer cette connexion avec le caméléon créatif en questionnant les situations dans lesquelles il peut apporter ses forces à l’adulte. Ici, de nouvelles croyances émergent avec la possibilité de déployer de nouveaux comportements, de nouvelles manières de communiquer, d’interagir et d’agir.

En lien avec son objectif initial, Paul a pu développer plusieurs méthodes sur-mesure pour améliorer son assertivité dans les relations interpersonnelles :

o   Utiliser des précautions oratoires lui permettant de créer des « coussins relationnels » permettant de mieux affronter ses propres peurs et préserver de la relation : 1. Signifier l’importance 2. Exprimer sa difficulté 3. Rendre explicite son intention. Par exemple : « Cet échange est très important pour moi. Toutefois, sache qu’il m’est très difficile de m’exprimer sur ce sujet et que cela me demande beaucoup d’effort. Mon intention est de préserver notre relation et de trouver de nouveaux modes de fonctionnement plus efficaces et plus justes pour chacun d’entre nous ».

o   Se préserver de mécanismes de sur-adaptation et d’interprétation. En effet, de par ses craintes, tel un suricate hyper-vigilant, Paul avait tendance à identifier tous les signaux relationnels le mettant en alerte d’un potentiel rejet. Cette interprétation inconsciente des états émotionnels de l’autre avait tendance à l’épuiser. À chaque fois qu’il identifiait un signal réveillant son insécurité, il utilisait cette méthode : 1. Mentionner les faits 2. Questionner l’interlocuteur. Ainsi par exemple, cela pouvait se manifester ainsi « J’observe que tu as soupiré quand je t’ai exprimé nos résultats. Qu’est-ce que cela signifie ? À quoi penses-tu ? Que ressens-tu ? ».

o   Utiliser des questionnement ouverts et orientés pour révéler les non-dits :

–        « De quoi aurais-tu besoin pour être vraiment efficace ? »

–        « Qu’est-ce qui te permettrait de t’épanouir ? »

–        « Qu’est-ce que tu te dis secrètement sans te l’avouer ? »

–        « Quelle est ta véritable crainte quant à cette situation ? »

–        « Pour être vraiment efficaces, quelles actions pourrions-nous définir ensemble ? »

o   Utiliser des techniques de communication bienveillante pour prévenir les incompréhensions et les conflits : Par exemple, l’OBBD de la communication non violente se révèle très adapté. O : Observation – Rappeler le faits S : Sentiment – « Je me sens… » B : besoin – « J’ai besoin… » D : Demande – avec une question favorisant le dialogue. Par exemple : « Lors de la dernière réunion, il nous a été demandé de réaliser un plan d’actions. Nous sommes en retard. Je me sens frustré. J’ai besoin de comprendre ce qui se passe. Pouvez-vous me donner plus d’informations afin de rassurer nos clients ? ».

Le reparenting est une technique très puissante. Elle permet de se transformer en profondeur et retrouver des fondations intérieures sécures pour dénouer des schémas, et découvrir la véritable liberté, c’est-à-dire celle qui vient de l’intérieur.

En utilisant tes techniques pragmatiques et sur-mesure s’appuyant sur nos motivations profondes en tant qu’êtres humains, et en se transformant de l’intérieur, Paul a pu non seulement développer sa confiance en lui-même pour prendre sa place de manager, mais aussi d’impacter positivement ses relations interpersonnelles en développant une posture de manager coach, c’est-à-dire en créant les conditions de l’empowerment (responsabilité et autonomie) tout en étant pleinement lui-même.

Osez être vraiment vous-même en construisant des relations authentique !

C’est la plus belle manière d’être pleinement heureux et de donner du sens à votre vie.

 Si vous avez envie d’embarquer dans ce processus de guérison intérieure et de retrouver votre liberté intérieure, nous vous invitons à écouter nos MP3 de connexion à l’enfant intérieur, à visionner la conférence sur l’enfant intérieur, participer à la formation en théorie polyvagale, à nous contacter pour intégrer la liste d’attente des prochains ateliers sur la thématique de l’enfant intérieur ou à intégrer l’un de nos programmes de mentoring ou de supervision en coaching.

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