Les relations interpersonnelles sont parfois complexes et peuvent être source de souffrance. Heureusement, la thérapie peut vous aider à mieux comprendre et à traverser ces situations. Dans cet article, vous découvrirez comment travailler les relations amoureuses et l’attachement en thérapie.
Préambule libre
Je souhaite mentionner que je choisis volontairement le terme de client au lieu de patient pour me référer à la personne qui consulte en thérapie. Pour moi, ce mot renvoie à l’approche centrée sur la personne qui m’est si chère et à la perspective de Carl Rogers qui met dans un pied d’égalité le thérapeute et le consultant. En contrepied, le terme patient a d’une part tendance à renvoyer au domaine de la santé, mais aussi à créer une dysmétrie et une certaine passivité dans la relation d’accompagnement. Mon approche intégrative de la thérapie met le client au travail, en provoquant le mouvement et l’expérimentation. Aussi, je me devais de choisir un mot plus juste, à savoir le mot client. De même, même si mon cœur est porté vers l’écriture inclusive, afin de faciliter la lecture, je me référerai au « masculin » en parlant du client. Naturellement, mes clients peuvent être des hommes ou des femmes (cis-genre ou pas).
Remerciements : Cet article est dédié à mes clients, en souhaitant faire honneur à leur courage et aussi hommage à la confiance qu’ils m’accordent ou m’ont accordé durant l’accompagnement thérapeutique. Je me sens vraiment reconnaissant et honoré de cette confiance. Sachez que j’ai beaucoup appris à vos côtés, à la fois dans l’amélioration de ma pratique par le biais de l’analyse de mon contre-transfert en supervision, mais aussi dans ma propre psychothérapie lors de phénomènes de résonances. J’ai aussi appris de vos histoires et de vos tentatives respectives pour – comme l’exprimait un client combatif avant de comprendre l’enjeu véritable du symptôme – de « tordre le cou à votre symptôme ». En partageant vos difficultés, je vous remercie de m’avoir aussi ouvert à d’autres perspectives et questionnements philosophiques.
En tant que thérapeute, j’ai la chance d’accueillir un grand nombre de clients qui osent se montrer vulnérables en me partageant leur intimité profonde. Pour moi, cet espace de l’intimité psychique est très précieux. À ce titre, il doit être investi par le thérapeute avec beaucoup de précautions et de soin.
Dans cet espace de l’intériorité, le client révèle progressivement ses « fêlures » et ses « blessures » les plus profondes. Bien souvent, il faut du temps pour dépasser les mécanismes de défense (rationalisation, déni, refoulement, agressivité…) qui nous protègent de nos peurs et de nos vulnérabilités. Il faut pour cela apprendre à établir une relation de confiance entre le thérapeute et le client.
Aussi, je me sens souvent rempli de gratitude lorsqu’un un client ose aborder avec moi l’enjeu véritable de sa thérapie. Cela signifie qu’il me fait profondément confiance et ose se montrer tel qu’il est avec ses forces, ses singularités et ses vulnérabilités.
En plus de 10 ans de pratique de l’accompagnement, je me suis souvent demandé quels étaient les ingrédients qui permettaient de créer une telle alchimie relationnelle dans le contexte si singulier de la thérapie.
Aujourd’hui, comme je l’exprime dans mon dernier livre « Hypnose conversationnelle et communication hypnotique », je suis convaincu qu’au-delà des techniques, c’est la qualité de relation tissée avec le client qui transforme ou guérit.
Cette qualité de la relation est bien sûr subjective et spécifique à chaque client. Cependant, j’ai pu observer que cette « relation qui guérit » se caractérise pour moi par la disponibilité, l’accueil inconditionnel, la pleine présence, l’humour, l’intuition, l’élégance relationnelle, l’intelligence émotionnelle, l’authenticité et la vivacité d’esprit.
Quand j’accueille des thérapeutes en supervision, j’ai pour habitude de leur dire que – quel que soit l’âge de notre client – nous accueillons toujours un « enfant » en thérapie. En effet, au-delà de la plainte, quand nous dépassons la demande initiale qui peut souvent être une demande de libération d’un symptôme ou d’une difficulté, et que nous révélons progressivement les contours de la demande véritable, nous nous apercevons bien souvent que celle-ci aborde la question de l’amour et de la relation d’attachement.
En thérapie, c’est la force de cet amour Agapé qui dans un premier temps sécurise, puis guérit, pour permettre au client d’être pleinement lui-même et d’explorer d’autres manières d’entrer en lien et de construire ses relations.
Découvrons ensemble les différents types d’attachement et leurs conséquences dans nos relations interpersonnelles.
Les types d’attachement dans les relations interpersonnelles
Dans les années 1960, le psychologue anglais John Bowlby a développé la théorie de l’attachement. Cette théorie propose un cadre de pensée permettant de comprendre comment nos premières relations influent sur notre biologie et notre psyché en montrant notre impulsion à créer des relations sécures avec les autres. Ainsi, les premières coupures dans l’attachement ont tendance à engendrer chez l’adulte des difficultés pour se relier à l’autre et ainsi recevoir et donner de l’amour de manière fluide et sereine. Ainsi, Bowlby a décrit 4 grands types d’attachement qui sont l’attachement sécure, l’attachement évitant, l’attachement anxieux et l’attachement désorganisé.
Relationner de manière sécure : qu’est-ce qu’un attachement sécure ?
Comme l’exprime la psychologue américaine, pionnière dans la psychologie du développement de l’enfant, Mary Ainsworth, dans l’article « The development of infant-mother attachment » : « Un attachement sécure est un lien profond et durable marqué par une proximité émotionnelle qui connecte les individus entre eux au-delà des notions d’espace et de temps ». L’attachement désigne le comportement que possède un individu à se rapprocher d’un individu (appelé figure d’attachement) en cas de danger.
Pour comprendre le mécanisme de l’attachement, il s’agit de différencier plusieurs phases dans le développement de l’enfant.
· Avant 2 mois : Il s’agit d’une phase qui peut être qualifiée de pré-attachement où le bébé ne différencie pas les personnes de l’entourage mais manifeste des signaux à leur égard.
· De 2 à 7 mois : Il s’agit d’une étape clé du processus d’attachement où l’enfant vise à obtenir la proximité des parents en utilisant différents comportements (pleurs, agitation, cris…). Dans cette phase, les personnes de l’entourage sont différenciées. À cette étape, il est encore possible de substituer une personne par une autre.
· À partir de 7 mois : Dans cette période, l’enfant sélectionne de manière affirmée une figure d’attachement en tissant une relation privilégiée. Il n’est plus possible de substituer une personne par une autre et la séparation devient douloureuse pour l’enfant.
· Dès l’âge de 3 ans : L’enfant commence à comprendre le point de vue de ses interlocuteurs et peut les influencer dans la relation afin d’obtenir des soins ou de l’intérêt.
À ce titre, en 1990, Hazan et Shaver ont corrélés des étapes de l’attachement en les juxtaposant à la formation du couple monogame. Ainsi, pour eux, le choix du partenaire serait réalisé en suivant une impulsion – bien souvent inconsciente – de recherche de sécurité dans ce qui nous est familier. Cependant, pour les attachements de type insécure, cette quête de la stabilité et de la sécurité rencontrée dans le « familier » engendre les mêmes types de dynamiques et de souffrance que celles héritées de l’enfance. Ainsi, d’un point de vue thérapeutique, l’amour adulte consiste notamment à clarifier ses relations d’attachement pour vivre pleinement un amour qui puisse répondre à nos besoins et désirs d’adulte. Le chemin de la psychothérapie est la voie pour accéder à cette liberté intérieure et relationnelle.
Pour Bowlby, notre besoin de reliance, d’appartenance et d’attachement est étroitement lié à notre évolution. En effet, pour l’enfant, l’appartenance est synonyme de survie. Ainsi, enfant, nous aspirons de la part de nos premiers interlocuteurs à un ajustement émotionnel, au toucher et à un caractère affectueux. Ainsi, quand nos besoins d’attachement sont satisfaits, nous nous sentons calmes, en sécurité et nous pouvons explorer sereinement la relation avec nous-même, avec les autres et avec le monde. Quand les interactions parentales se montrent suffisamment protectrices, disponibles en terme émotionnel, ajustées et chaleureuses, alors l’enfant se sent en sécurité. Le système nerveux de l’enfant est apaisé. Le nerf vague fait preuve de flexibilité et de souplesse en basculant d’un état à un autre à partir d’espaces de co-régulation puis d’auto-régulation. On parle d’attachement sécure. Dans ce cas, les relations sont souvent qualifiées de saines, durables ou intimes.
Quels sont les différents types de relation insécure ?
Qu’est-ce qu’un attachement insécure ?
Quand ces besoins d’attachement n’ont pas été satisfaits, alors l’enfant développe des stratégies marquées par l’insécurité pour entrer en contact avec l’autre et tisser du lien. Ainsi, il peut se montrer par exemple anxieux, hyper vigilant, évitant ou encore dédaigneux. Les causes de ces troubles de l’attachement sont multiples. Par exemple, les figures d’attachement ont pu – de manière consciente ou inconsciente – se montrer négligentes ou abusives, absentes, indisponibles émotionnellement ou psychiquement, intrusives ou adresser des messages paradoxaux dans leurs comportements vis-à-vis de l’enfant. Dans ce contexte, le système nerveux de l’enfant ne parvient pas à se réguler et se maintient dans un état d’hypervigilance associé à la survie. On parle alors d’attachement insécure.
Ainsi, si les premières figures d’attachement n’ont pas su sécuriser l’enfant, alors, il développe deux mécanismes de survie, à savoir : l’hyperactivation (qui a tendance à pousser l’individu vers l’objet d’attachement), ou au contraire la désactivation (qui vise à minimiser l’impact de la menace en se coupant de ses émotions réelles) ; qui sont des réactions sensiblement similaires à celles des personnes ayant vécu un stress post-traumatique. Pour cela, aujourd’hui, le mot psycho trauma ou trauma complexe se réfère à ce trauma d’attachement qui s’est construit dans la petite enfance et qui a été tellement répété dans les relations psychoaffectives qui maintient l’enfant intérieur dans un état d’angoisse en souhaitant se relier sans vraiment le pouvoir.
Comment être capable de se libérer de psychotraumas ?
Qu’est-ce qu’un psycho trauma ?
Un traumatisme peut être physique ou psychique. Généralement, il est associé à un choc violent dans lequel la victime se sent submergée et impuissante. Le traumatisme renvoie à la subjectivité de la personne. Ainsi, quand nous pensons au mot « traumatisme » généralement nous pensons à des évènements de type : naissance, la perte d’un être cher ou structurant, l’annonce d’une maladie grave, un accident, une opération chirurgicale, un abus sexuel, une guerre ou un conflit, le fait d’être témoin de violences, une catastrophe naturelle, un traitement médical, la perte d’un membre ou d’une capacité physique… Cependant, nous oublions les traumas dont l’intensité a pu être plus faible mais récurrente et notamment dans la petite enfance. Ces situations de stress répétées constituent ce que l’on appelle un psychotrauma.
Ainsi, la perception du traumatisme n’est pas forcément en lien avec l’intensité de l’événement. Le traumatisme fait appel à nos ressources archaïques au niveau du cerveau reptilien. Il s’agit de survivre pour échapper à ce stress intense ou récurrent.
Aussi, voici les séquences au cœur de la réaction traumatique :
1. Hyper activation : le corps rassemble ses ressources pour se préparer à faire face à une menace. Exemples : augmentation de la fréquence cardiaque, rythme respiratoire, agitation musculaire, tension, impatience…
2. Constriction du corps et des perceptions : le système nerveux se concentre sur la menace. Les vaisseaux sanguins se contractent pour préparer l’action : attaque / défense. La personne est hyper vigilante. La masse sanguine est disponible dans les muscles tendus. Le corps est prêt à passer à l’action. Exemples : respiration modifiée, tonicité musculaire et attitude physique tendue.
3. Dissociation : la dissociation nous préserve psychiquement de la peur de la mort. Le sentiment de soi disparaît. Les sensations disparaissent. La dissociation s’accompagne d’une distorsion du temps et de l’espace. Plus que de retrouver les sensations pénibles, dans le cas du traitement du traumatisme, il s’agira de permettre au patient de conscientiser cette dissociation.
4. Sentiment d’impuissance lié à l’immobilisation / figement : ce sentiment apparaît quand une menace est impossible à contrer. La décharge énergétique n’ayant pas eu lieu. Le psychisme freine et fige. Le corps est littéralement figé.
Quand les 4 phases du traumatisme ont été vécues, elles aboutissent généralement au stress post traumatique. Des caractéristiques mentales et psychologiques apparaissent, se déploient et s’installent dans la vie de la personne dans les semaines suivantes. Les symptômes traumatiques s’organisent souvent autour des phases d’activation et de constriction.
Peter Levine, expert en traumatologie a identifié des symptômes révélateurs d’un traumatisme avec l’hyper activation, la constriction, la dissociation et le déni, l’hypervigilance, les flashbacks, une sensibilité accrue à la lumière ou aux sons, une émotivité et sensibilité excessives, des réactions disproportionnées ou des sursauts, des cauchemars et terreurs nocturnes, une instabilité de l’humeur, une inaptitude à gérer le stress quotidien, des insomnies ou une mauvaise qualité du sommeil, des attaques de panique ou des phobies, une hyperactivité (avec une incapacité à s’autoriser le repos), des comportements d’évitement, la mise en danger et la prise de risques, l’amnésie ou des trous de mémoire, l’incapacité à aimer ou se lier à l’autre, la peur irrationnelle de mourir (ou de perdre pieds et devenir fou), le renfermement sur soi ou une timidité excessive, des maladies psychosomatiques, une fatigue récurrente, des problèmes immunitaires, des problématiques liées à la sexualité, des addictions, un sentiment d’impuissance, l’apathie, la dépression ou encore l’anxiété avec la peur d’un danger imminent.
La capacité à réagir face au traumatisme dépend de plusieurs facteurs :
– L’événement lui-même : quelle est la menace ? quelle est la durée ? quelle est sa fréquence ?
– L’environnement : puis-je en parler ? suis-je soutenu ?
– Les caractéristiques physiques : quel est l‘état de santé physique de la victime ? quel est son âge ?
– Les compétences et aptitudes : quelles sont les compétences de la victime du trauma ? quelles sont ses capacités pour gérer l’événement ?
– Les croyances : qu’est-ce qui est possible ? qu’est-ce qu’une réussite ou un échec ?
Ainsi, nous ne sommes pas égaux devant le traumatisme. Il s’agit de développer notre capacité de résilience, qui comme l’exprime le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, est « l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité. » Cette aptitude dépend de caractéristiques physiques, affectives, sociales et psychologiques.
La résilience peut être favorisée par la psychothérapie.
Comment définit-on l’impact de nos premières relations d’attachement ?
À partir de nos premières relations d’attachement, nous construisons une cartographie intérieure teintée de nos attentes originelles qui pilote la manière dont nous nous percevons, dont nos percevons autrui, et influence nos relations affectives, personnelles et professionnelles en nous projetant dans la répétition de schémas comportementaux plus ou moins inconscients. Ainsi, un individu souffrant d’une relation d’attachement insécure aura tendance à croire que le monde est un lieu insécure marqué par l’instabilité, l’imprévisibilité, la déception et où personne n’est fiable. Inconsciemment, dans chacune de ses relations, l’individu répète la défaillance de la figure d’attachement originelle. Ainsi, il peut par exemple avoir tendance à s’engager rapidement dans les relations en accordant totalement sa confiance, ou au contraire, éprouver de grandes difficultés à s’engager de peur d’être rejeté ou abandonné.
Ces blessures d’attachement que l’on qualifie également de « ruptures de la relation d’attachement » peuvent être perçues à l’âge adulte comme celles de l’abandon, du rejet, de l’injustice, de l’humiliation ou encore de la trahison. Pour l’enfant, ces cognitions ne sont pas d’une grande aide. En effet, la rationalisation peut même être devenue un mécanisme de défense pour un enfant intérieur souffrance d’attachement évitant. Pour l’enfant, c’est parce que les émotions et sensations traumatiques restent ancrées dans le corps qu’elles affectent autant sa vie d’adulte. Autrement dit, même si le mental permet de comprendre de manière rationnelle pour donner du sens, il est important que cette compréhension soit incarnée. Pour cela, plusieurs techniques d’accompagnement telles que l’EMDR, l’hypnose (avec notamment la régression), les constellations systémiques, ou encore la gestalt ou la sophrologie peuvent se révéler pertinente pour contacter et guérir l’enfant intérieur.
En thérapie, nous visons à guérir l’enfant intérieur en lui permettant de se sentir enfin sécure, en tissant une relation de confiance avec le thérapeute, puis en bénéficiant d’un processus de reparenting, où le client adulte apprend à interagir avec l’enfant pour le sécuriser. Progressivement, l’adulte et l’enfant apprennent à fonctionner main dans la main en bénéficiant du potentiel de l’autre.
À l’âge adulte, un attachement sécure est marqué à la fois par la capacité à entrer en connexion mais également à rester autonome psychiquement. En opposition, un attachement insécure aura tendance à s’orienter vers l’un des pôles de manière extrême en basculant soit dans l’isolement soit dans la dépendance.
Comment mettre en oeuvre un processus thérapeutique efficace ?
Dans l’accompagnement, que cela soit en coaching ou en thérapie, nous parlons de « safe place » qui est un espace de confiance et de sécurité où le client peut explorer les sujets liés à son intériorité.
Selon le type d’attachement développé par le client dans son enfance, des schémas relationnels se répètent à l’âge adulte. Ainsi, le client peut tester le thérapeute durant les différentes phases d’accompagnement afin de valider qu’il peut vraiment lui faire confiance et que lui ne sera pas défaillant comme l’étaient ses parents ou figures d’attachement.
C’est la congruence du thérapeute, c’est-à-dire sa capacité à agir de manière alignée avec ses valeurs qui permet de construire la relation de confiance avec le client souffrant de troubles de l’attachement. La consistance des actes, c’est-à-dire la répétition stable des comportements du thérapeute permet au client de progressivement apprendre à faire confiance à la relation.
Il existe plusieurs styles d’attachements insécures qui peuvent créer des mécanismes de défenses dans les relations interpersonnelles et qui se répètent dans la relation d’accompagnement.
Avant de les décrire, sachez que je vais tenter de les présenter avec plusieurs grilles de lectures à savoir la psychodynamique, la gestlat et la théorie polyvagale.
o La psychodynamique est l’approche la plus connue. Elle est ancrée dans un cadre de référence de type clinique où le symptôme est abordé comme une formation de l’inconscient. Ainsi, à partir des évènements se produisant durant le développement de l’enfant, l’adulte développe une structure psychique sous tendue par des désirs, ses limites et ses mécanismes de défense spécifique.
o La gestalt thérapie est une approche phénoménologique de type systémique fondée par Fritz Perls qui se positionne dans le présent en visant à explorer les différents enjeux de la relation afin de clôturer des cycles relationnels sous tendus par des besoins obsolètes pour favoriser l’émergence de nouveaux modes relationnels plus adaptés aux besoins, aux désirs et aux limites de l’adulte. Elle explore notamment la manière dont l’individu se positionne dans sa frontière contact, c’est-à-dire dans la relation à soi et à l’autre.
o La théorie polyvagale est une approche biologique qui décrit 3 grands états du nerf vague qui nous influencent à la fois sur un plan physique, émotionnel et comportemental. Son fondateur Stephen Porges a démontré qu’il existe une hiérarchie entre les états du système nerveux :
1. L’état vagal dorsal (ou parasympathique – portion non myélinisée du nerf vague) se réfère au système de fermeture qui s’exprime par la fermeture, l’évitement et la protection par la déconnexion.
2. L’état vagal sympathique (ou système nerveux orthosympathique) se réfère au système d’action qui s’exprime lors de la mobilisation ou de la protection par l’action.
3. L’état vagal ventral (ou portion myélinisée du système nerf vague) se réfère au système de connexion qui s’exprime quand nous nous sentons engagés dans la relation, en sécurité et en confiance.
En thérapie, il est possible d’intégrer le concept de psycho trauma qui est lié aux premières relations d’attachement en reliant l’état du système nerveux au style d’attachement du client.
Avant de présenter les types d’attachement insécure, il est important de garder à l’esprit que ces derniers sont en quelques sortes des balises permettant au thérapeute de s’orienter dans la relation d’accompagnement, mais elles ne sont en aucun cas statiques ou rigides. En effet, un même individu peut développer différents styles d’attachement qui seront activés en fonction de ses interlocuteurs selon s’ils rappellent les triggers liés à une figure d’attachement spécifique plutôt qu’une autre. De plus, en signe d’espoir, par le courage relationnel et la psychothérapie, il est possible de gagner cette sécurité intérieure. Aussi, il s’agit avant tout de se faire confiance et d’oser pousser la porte d’un cabinet de thérapie. Sincèrement, vous méritez de trouver le thérapeute qui vous convient et qui saura à la fois vous soutenir et vous confronter avec bienveillance pour vous aider à grandir et développer un style relationnel qui vous convienne.
Le nombre de types d’attachement insécure
Il existe 3 styles d’attachements insécures. Il se développement dans la petite enfance et impactent les relations interpersonnelles de l’adulte.
· L’attachement anxieux-évitant :
Dans l’expérience de Mary Ainsworth datant de 1978, l’attachement évitant se réfère à un enfant qui préfère rester seul plutôt que d’entrer en lien avec les personnels donnant du soin et de l’affection. Pour survivre, l’enfant inhibe son besoin d’attachement, de proximité et de protection, afin d’éviter la douleur et la confusion liée au rejet.
Les causes originelles de ce style d’attachement peuvent être par exemple des temps longs de solitude, l’absence de contact physique, peu d’emphase donnée aux émotions, un désengagement relationnel des figures d’attachement, la négligence des besoins et émotion de l’enfant, ou encore le rejet. De manière générale, quand les interactions parentales sont caractérisées par l’indisponibilité (physique, émotionnelle ou psychique), un manque de sensibilité, d’écoute, de réactivité ou le rejet, alors elles peuvent favoriser un attachement anxieux-évitant chez l’enfant.
À l’âge adulte, l’enfant souffrant d’un attachement anxieux-évitant développera un style dédaigneux qui se caractérise par une forte indépendance en n’ayant besoin de personne, et en percevant comme une faiblesse le fait de ressentir des besoins ou d’être dépendant. Bien souvent, l’adulte aura tendance à se montrer mal à l’aise face à la vulnérabilité de l’autre qui renvoie à sa propre vulnérabilité, qui elle, est masquée.
Lorsqu’il se relie, l’adulte dédaigneux a tendance à se distancier de ses émotions et à se montrer très rationnel. Afin de survivre, il se dissocie de ses émotions afin de se protéger du rejet potentiel. Ainsi, il ne vit pas pleinement sa vie car il se coupe de ses émotions et de ses sensations en ayant tendance à rationaliser les choses et à fuir le présent.
Pour l’anxieux-évitant, les petites voix intérieures (qui sont des injonctions introjectées) pourraient être « Débrouille toi par toi-même. Personne ne t’aidera » ou encore « Les relations ne sont sécures que si elle sont distantes » ou encore « Je ne suis pas aimable, les autres vont me rejeter ». Le système nerveux a tendance à fonctionner en dorsal en accentuant l’hypo-activation (ou désactivation) avec la rigidité et la rationalisation (défense).
Ils ont tendance à se montrer vigilants vis-à-vis des signaux d’intrusion de l’autre qui auraient tendance à limiter leur liberté. Ils peuvent éprouver de grandes difficultés à l’engagement qui peut être perçu comme angoissant. Durant les conflits, ils ont facilement tendance à se barricader et à couper les ponts.
· L’attachement anxieux-ambivalents :
Dans l’expérience d’Ainsworth, l’enfant anxieux se montre très angoissé avant même le départ des parents. Il éprouve des difficultés à jouer avec les autres et à se focaliser. Puis, il se montre hyperactif dans la recherche d’attention des personnels de soin.
Les causes originelles de ce style d’attachement peuvent être par exemple l’instabilité ou l’imprévisibilité des comportements des parents, les états émotionnels submergeant des parents, la valorisation de la fusion, de la dépendance ou de la surprotection, ou encore un excès de stimulation. De manière générale, quand les interactions parentales sont caractérisées par un manque de disponibilité ou d’écoute chronique, l’intrusion fréquente et sans limite dans le domaine de l’intime, ou encore la valorisation excessive des besoins de l’adulte au détriment de ceux de l’enfant, alors elles peuvent favoriser un attachement anxieux-ambivalent chez l’enfant.
À l’âge adulte, l’attachement anxieux-ambivalent favorise l’émergence du style préoccupé. Les adultes ayant un style d’attachement de type préoccupé ont tendance à s’investir rapidement dans les relations affectives en accordant leur pleine confiance. Ayant un système nerveux hyper activé, ils ont tendance à confondre l’état d’anxiété avec l’intensité de leur désir d’être en relation. Ainsi, ils ont tendance à confondre l’amour du sentiment amoureux et l’amour de la personne réelle. Aussi, en s’engageant aussi rapidement, dans un sentiment de confusion, ils ont tendance à se perdre dans la relation en renforçant un dynamique de co-dépendance. Les ruptures sont perçues comme des épreuves douloureuses qui ravivent les traumas d’origine.
Pour l’anxieux-ambivalent, les petites voix intérieures pourraient être « Je ne suis pas aimable. Les autres vont m’abandonner » ou « Je ne peux pas vivre seul », ou « Les relations ne sont pas fiables » ou encore « Je souhaite être aimé quelqu’un soit le prix à payer ». Le système nerveux autonome a tendance à fonctionner en mode sympathique avec une hyperactivation marquée par la peur et la dépendance.
Ces personnes ont tendance à avoir besoin de réassurance, de validation, de reconnaissance, de contact physique, de proximité relationnelle. Du point de vue du partenaire amoureux, elles peuvent se montrer très intenses et insatiables. Ainsi, cette intensité relationnelle a tendance à accentuer le désengagement de l’autre en confirmant la crainte initiale.
· L’attachement désorganisé-désorienté :
En 1990, cet attachement a été identifié par Mary Main et Judith Solomon, qui étaient des psychologues américaines. Certains enfants ne montrent pas de cohérence dans leur style d’attachement. La mère peut être perçue dans le même temps comme un havre de paix et un danger. Ainsi, les enfants éprouvent de grandes difficultés à se rapprocher de la mère avec parfois même de la terreur. L’enfant se montre à la fois hyperactivé et désactivé dans son attachement.
Les causes originelles de ce type d’attachement peuvent être par exemple le chaos familial, la maltraitance, l’instabilité émotionnelle ou psychique d’un parent, ou encore des violences ou des messages paradoxaux au sein de la famille. L’enfant se trouve écartelé dans un mouvement paradoxal de rapprochement et de terreur. La réaction est donc imprévisible ou désorganisée en alternant : fuite, conflit, figement et apaisement. De manière générale, quand les interactions parentales sont caractérisées par la menace, la terreur, la confusion et l’alerte permanente, alors elles peuvent favoriser un attachement désorganisé-désorienté chez l’enfant.
À l’âge adulte, l’attachement désorganisé-désorienté de l’enfant devient celui du style craintif-évitant. Bien souvent, il se traduit par des dynamiques relationnelles de type « suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis ». Le stress et la tension sont omniprésents. L’adulte peut se sentir submerger par ses émotions et éprouver des difficultés pour accorder sa confiance. Ce style se caractérise par des difficultés pour entrer en relation avec des comportements destructifs ou toxiques, des troubles mentaux et des addictions.
Pour les désorganisés-désorientés, les petites voix intérieures pourraient être « les autres sont des menaces très hostiles » ou « les autres sont imprévisibles et dangereux », ou encore « personne ne peut m’aimer car je suis fou ». Le système nerveux a tendance à alterner les modes sympathique et dorsal, avec l’hyperactivation et l’hypoactivation.
Ainsi, les personnes souffrant de ce type d’attachement peuvent éprouver un sentiment d’impuissance et de vide en sentant que la situation n’a pas de solutions. À ce titre, la relation thérapeutique doit pouvoir accueillir ce double mouvement d’amour et de peur en créant un espace d’amour inconditionnel pour envisager d’autres possibles. Cela demande au thérapeute de faire preuve de souplesse et d’agilité en observant ses mouvements intérieurs et en analysant son contre-transfert.
Proposition pour transformer ses relations interpersonnelles (personnelles, professionnelles, amoureuses…) ?
Oui, pour entrer en relation de manière différence, il s’agit de transformer son style d’attachement pour devenir sécure.
Cette transformation intérieure s’organise généralement en 4 grandes phases :
1. La construction de l’alliance thérapeute-client en éclairant les dynamiques du symptôme.
2. La reconnexion avec l’enfant intérieur avec un thérapeute aimant et soutenant qui accueille la vulnérabilité de l’adulte exprimant sa partie enfant.
3. Le processus de reparentage soutenu par le thérapeute avec le renforcement progressif de l’autonomie.
4. La validation de la consolidation du processus et de l’autonomie du client en mettant en place des rituels et actions pour créer cette nouvelle alliance entre l’adulte et l’enfant.
« Guérir », c’est tout d’abord reconnecter à son enfant intérieur dans un espace de confiance. Ensuite, c’est de connecter à l’amour qui existe en soi. Puis, progressivement, dans un processus de « re-parentage » de notre enfant intérieur blessé et vulnérable, il est possible d’entendre nos besoins et nos désirs d’adulte et de les exprimer dans nos relations interpersonnelles. Il est aussi essentiel d’apprendre à définir des limites claires dans la relation à soi et aux autres, et d’apprendre à formuler des demandes.
En exprimant nos limites, nous nous autorisons à construire des relations basées sur l’authenticité et le respect.
En osant formuler des demandes, nous nous autorisons à nous montrer vulnérables en exprimant nos besoins, nos désirs et notre volonté de connexion à autrui. En formulant des demandes, nous simplifions nos relations en bénéficiant de réponses claires. Comme le formule Jacques Lacan, la demande est avant tout une demande d’amour. Elle parle de nos besoins, de nos envies, de nos désirs et de nos limites. Ainsi, la capacité à formuler des demandes claires démontre une maturité psychique à la fois en ayant une bonne connaissance de soi mais aussi de faire preuve de responsabilité dans nos interactions avec nos interlocuteurs.
Enfin, la vie devient un laboratoire d’apprentissage où chaque relation devient l’opportunité de rencontrer autrui de manière authentique et d’apprendre de l’altérité.
Prêt.e à explorer ce qu’est l’Amour ?
Alors, découvrez l’article sur la pluralité des formes d’amour.
Juste distance relationnelle : comment construire la sécurité relationnelle dans l’accompagnement en coaching et en thérapie ?
Bien sûr, il est possible d’utiliser différentes techniques pour favoriser l’alliance. À ce titre, les techniques de PNL permettent de construire le rapport adapté à notre interlocuteur avec notamment l’adaptation à sa carte du monde, à ses préférences de communication (prédicats) et en se synchronisant sur son non-verbal.
Aussi, la co-régulation, c’est-à-dire la capacité à apaiser le système nerveux de l’autre est une clé précieuse pour construire l’alliance. Elle passe par exemple par la respiration, le mouvement, le toucher.
Cependant, au-delà des techniques, c’est la congruence et la spontanéité qui émane du fait d’Être pleinement soi qui favorise la confiance.
Comme l’exprime Carl Rogers dans l’approche centrée sur la personne, les 3 piliers sont l’humanisme, l’authenticité et l’empathie.
La capacité à « dire vrai » – c’est-à-dire de pouvoir exprimer une parole authentique corroborée par notre expression non verbale et paraverbale avec consistance de nos actes – permet de construire cette alliance de qualité. Celle-ci émane de notre propre travail en psychothérapie en ayant pleinement compris pourquoi nous en sommes arrivés là, à vouloir accompagner l’autre sur son chemin de guérison. Ainsi, oui, il s’agit tout d’abord pour l’accompagnant de réaliser lui-même le chemin dans son propre espace de psychothérapie. En travaillant en profondeur sur ses propres schémas, l’accompagnant est de plus en plus capable d’accueillir l’altérité sans se sentir bousculé. La supervision permet d’explorer les difficultés du thérapeute ou du coach pour envisager d’autres perspectives en imaginant des solutions nouvelles améliorant la technicité du geste professionnel. Plus le thérapeute est avancé dans son chemin d’introspection, plus il développe une confiance dans le processus d’accompagnement, dans la relation à l’autre et dans la vie elle-même.
Voici quelques questions pouvant être posées au client pour identifier ses modes d’attachement :
– Quelles routines et habitudes vous sécurisent au quotidien ?
– Quelles sont les caractéristiques communes aux personnes à qui vous accordez votre confiance ?
– Quels sont schémas relationnels que vous avez répétés ?
– Quels sont les déclencheurs de stress relationnel ?
– Que devrais-je faire pour vous sentir vraiment à l’aise ?
– Quelle maladresse de ma part pourrait générer de l’insécurité chez vous ?
– Quelles sont les situations dans lesquelles vous avez senti un manque de confiance ?
– Que pourrions-nous co-créer ensemble pour que vous puissiez vous montrer vulnérable et sécure ?
– Comment terminez-vous une relation ?
– Qu’est-ce qui est le plus difficile à exprimer dans une relation interpersonnelle ?
– Quels sujets seraient difficiles à aborder dans notre relation d’accompagnement ?
Si vous êtes accompagnant, je vous souhaite de tout cœur d’oser toucher vos vulnérabilités pour découvrir vos plus belles forces dans la relation. Si vous êtes client, je vous souhaite de rencontrer le thérapeute aguerri qui saura vous épauler dans ce cheminement vers votre liberté intérieur.
Si vous souhaitez prendre rendez-vous avec l’un de nos coachs ou thérapeutes, alors contactez IICH.
Si vous souhaitez que je vous accompagne dans votre supervision, alors contactez-moi directement pour échanger sur votre besoin.
Références de livres pour aller plus loin :
– Peter Levine « Réveiller le tigre : Guérir le traumatisme » – Inter éditions
– Frantz Ruppert « Trauma, Fear and Love » – Editions Green Baloon publishing
– Boris Cyrulnik « La résilience ou comment renaître de sa souffrance » – Éditions Fabert
– Gabor Maté « quand le corps dit non » – Éditions de l’Homme
– Bessel Van Der Kolk « The body keeps the score : Brain, Mind and Body in the healing of Trauma» – Editions Penguin
– John Bowlby « Attachement et perte – volume 1: attachement» et « Attachement et perte – volume 2 : la séparation angoisse et colère » – Éditions Puf
– John Bowlby « Amour et rupture : les dessins du lien affectif » – Éditions Psychologie Espace libres
– Bert Hellinger « Love’s Hidden Symmetry : What makes love work in relationships » – Editions Zeig, Tucker & Co
– Donald Winnicott « De la pédiatrie à la psychanalyse » – Éditions Payot
– Mary Ainsworth « The development of infant-mother attachment »
– Jessica Fern “Polysecure: Attachment, traumas and consensual nonmonogamy»